Monsieur le Président, vous avez lors de vos visites en ESID évoqué dans vos priorités : la modernisation du service. Est-ce à dire que le SID est un service en retard sur son temps, ou qu’il n’a pas su s’adapter à l’évolution du contexte de la défense et à celui de l’économie ?

Depuis 2005, date de la création du SID, le service n’a cessé d’évoluer et ses personnels aussi. Nous nous sommes adaptés, entre autres, à la création des bases de défense en 2009, nous avons intégré les régies, missions et personnel, en 2014, subi la rationalisation de ces mêmes régies en 2018, modifié notre organisation, nos méthodes de travail, nos outils et nos procédures, accompagné non sans regret et crainte (bien souvent fondée car vérifiée) l’externalisation d’une part toujours plus grande de nos missions de base … Et vous venez nous demander aujourd’hui de nous moderniser ! Et demain ? Qu’envisagez-vous ? Une transmutation, une rénovation ou une révolution ?

La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit un investissement annuel de deux milliards d’euros dans la modernisation des infrastructures de défense. Ces efforts budgétaires peinent toutefois à rattraper « la dette grise » issue de nombreuses années de sous-investissements en matière de réhabilitation et de modernisation de ces infrastructures.

Le Ministre des Armées Sébastien LECORNU a décidé de lancer l’opération « Poignées de porte » avec un budget de 40 millions d’euros ; une partie de ce financement permettra des travaux divers tels que des remplacements de chaudières, de ballons d’eau chaude ou de portes vitrées, des améliorations d’isolation des locaux ou encore le remplacement de canalisation et la réparation des systèmes d’incendies. Une goutte d’eau face à un désert de maintenance lourde…

La CFDT est consciente de la nécessité des investissements dans ces domaines. Depuis des années elle n’a de cesse de dénoncer la réduction des moyens financiers alloués à la maintenance courante des infrastructures et l’attrition constante des ressources humaines qui devraient y être consacrées.

Quand bien même les engagements financiers seraient au rendez-vous, la CFDT demande que les moyens humains nécessaires soient rapidement redéployés, que des efforts supplémentaires de recrutement ainsi que la CDI-sation voire la titularisation des contractuels soient mis en œuvre. Cela est indispensable pour pallier un plan de charge qui est déjà en constante augmentation.

Au passage, la CFDT souhaiterait savoir quelle suite est donnée à nos audits Energie et aux « passoires thermiques » détectées à cette occasion ? Quel est le bilan de ces audits et en découle-t-il une programmation budgétaire pour améliorer la situation ?

La CFDT approuve le plan d’accélération des mesures de sobriété énergétique et d’exemplarité 2022-2024 mais reste vigilante sur la mesure additionnelle d’adapter l’organisation du travail (télétravail, téléactivité, travail déporté, organisation des espaces, regroupement des effectifs, horaires décalés) pour mieux optimiser l’utilisation des surfaces, notamment lors des « jours rouges » de tension énergétique.

Pour la CFDT aucune mesure ayant un impact sur l’organisation du travail ne doit être prise sans concertation préalable avec les représentants du personnel civil. Au passage, la CFDT souligne qu’il n’est pas nécessaire d’attendre une situation de crise pour élargir l’accès au télétravail … mais nous y reviendrons un peu plus loin.

La CFDT saura être présente et force de proposition pour accompagner au mieux les agents lors cette action d’accélération.

Lors de votre déplacement à BREST, Monsieur le Président vous avez rencontré et échangé avec les personnels de l’ESID et comme vous aimez le rappeler : les agents sont la première richesse du service. Encore faut-il, pour les satisfaire pleinement, mettre en œuvre :

-           La charte-cadre relative à l’organisation du temps de travail ;

-           L’épanouissement professionnel de tous les agents du service dans le cadre des évolutions du service ;

-           Des parcours professionnels et la perspective de carrières complètes au SID ;

-           La revalorisation des groupes pour les IFSE des fonctionnaires ;

-           Un déploiement plus important d’essais professionnels pour les ouvriers d’Etat ;

-           L’accroissement des postes d’ICD hors Classe, de CAD et de CTD.

Concernant cette dernière revendication, la CFDT est effarée de constater que le récent arrêté fixant la liste des emplois de conseiller d’administration de la défense pour le SID ne comporte que cinq postes de CAD dont aucun ne permet l’accès à l’échelon spécial. Nous attendons, malheureusement sans beaucoup d’espoir, la publication de l’arrêté concernant les conseillers techniques de la défense. L’attractivité du service n’est pas prête de s’améliorer !!! 

Quelle belle preuve de la reconnaissance portée aux agents qui portent la politique du service et participent pleinement aux résultats salués par les hautes autorités. Totalement incompréhensible… Mais peut-être faut-il lire cette absence de volonté de promouvoir les cadres civils au travers du prisme IMI avec la volonté de ne pas faire de l’ombre à ce corps militaire… Les agents civils concernés apprécieront.

La CFDT est soucieuse de défendre l’intérêt de chaque agent du ministère des Armées tout en ayant à l’esprit l’intérêt commun du service.

Le télétravail au SID peine à évoluer par manque de moyens et de matériels, mais aussi par un management trop conformiste ou trop « vieux jeu », oserions-nous dire non-moderne ? Le récent comité de suivi (COSUI) de l’accord négocié ministériel a mis en évidence que le SID pouvait mieux faire. Seulement 18% des agents civils du SID télétravaillent dont 56% ne se voient octroyer qu’un seul jour hebdomadaire.

Le SID est un des trois employeurs (avec l’armée de Terre et le SCA) qui accordent le moins de jours flottants (23% des autorisations accordées), 4% des agents en télétravail bénéficiant d’un mixte fixe/flottant.

Comme partout, les procédures doivent être respectées : la modification du nombre de jours demandés par l’agent doit être considérée comme un refus et traitée comme telle. La CFDT demande que cessent les pratiques d’influence, voire de pression hiérarchique pour que les agents acceptent de revoir leur demande à la baisse ou se satisfassent du minimum accordé.

Si l’approvisionnement en équipements échappe au SID, ce dernier doit à la fois mieux dimensionner et argumenter ses demandes à la DIRISI et mieux répartir le matériel disponible entre agents qui en ont réellement besoin. Priver de télétravail un agent car le matériel nécessaire est réquisitionné par un autre, qui ne s’en sert pas, est inacceptable.

La CFDT relance une nouvelle fois le SID pour étudier les moyens permettant aux dessinateurs du service de télétravailler. Le boom attendu du BIM doit s’accompagner d’une meilleure organisation du travail et faciliter le télétravail. Ce qui est possible dans le privé, ne le serait pas chez nous ? Alors relevez le défi et innovez, bref modernisez ! N’oubliez pas que le télétravail est apprécié et que cela compte quand on cherche à attirer et à fidéliser …

Concernant les effectifs, la CFDT constate un REO 2022 en légère augmentation et appelle de ses vœux un recrutement réalisé plus important sous toutes ses formes (concours, examen pro, contractuels) ainsi qu’une fidélisation des agents recrutés. Une fois encore, ceci est indispensable si vous voulez atteindre tous les objectifs que vous nous avez présentés lors de vos entrevues avec le personnel dans tous les ESID de France.

Le recrutement prend une partie de sa source dans l’apprentissage. Le contrat d’apprentissage est non seulement un gage de réussite et d’insertion professionnelle pour la personne, mais aussi une opportunité pour l’employeur de former des collaborateurs opérationnels.

Invités à participer à diverses activités, les apprentis sont très bien intégrés par l’ensemble des agents. Ceux-ci font également preuve de volonté de transmettre les valeurs de l’armée et de nos institutions. L’entraide est le mot d’ordre au sein du SID et c’est ce qui permet aux apprentis de monter en compétence et de pouvoir sans cesse s’améliorer.

Un des principaux objectifs est d’orienter les apprentis sur les offres de recrutement du SID, et ce afin de permettre de capitaliser sur une population formée et acculturée.

La CFDT déplore malheureusement que bon nombre d’apprentis partent vers d’autres horizons plus attractifs et ce malgré le besoin de recrutement du service. Si la politique indemnitaire ainsi que les modes de recrutements échappent au SID, une meilleure valorisation des parcours, une gestion RH employeur de proximité efficace et une centrale réactive et experte sont à la portée du SID.

Les élections professionnelles vont bientôt se dérouler ! Savez-vous qu’un nombre très important d’agents n’a pas pu répondre à l’interrogation de la société NEOVOTE en raison de postes n’ayant pas l’ISPT ? Le service n’a apparemment prévenu personne de cette campagne de test (savoir si le message envoyé par la société de vote est arrivé sur la boite mail professionnelle de l’agent ou directement dans son dossier de messages indésirables - spams). Très peu d’agents ont fait l’effort de transférer ce mail sur leur boite personnelle et d’y répondre. Quand bien même l’organisation de ce test n’incombait pas au SID, cela permet d’identifier la nécessaire implication des employeurs dans la réussite des élections professionnelles.

L’expression démocratique au travail est fondamentale pour notre société et notre institution. La CFDT vous enjoint de porter, avec les organisations syndicales, les enjeux de ces élections. Au-delà de l’implication des services RH et de la hiérarchie du SID, une expression du directeur central serait la bienvenue pour appeler les agents à participer aux scrutins.

Versailles, le 08 novembre 2022