Pour faire simple, le service doit rendre près de 300 postes (dont 220 civils). Si une très grande majorité des ETP2 « gagnés » provient de postes vacants et doit être réaffectée pour renforcer les « axes » stratégiques3 et accompagner les évolutions structurelles en Île de France ou en Occitanie, la question se pose de l’impact de la suppression de ces postes ouverts, donc attendus, sur le service et sur ceux qui y servent.
C’est à se demander si ceux qui ont construit les REO actuels étaient hors-sol... Il y a pourtant fort à parier que les effectifs inscrits correspondaient, a minima, aux missions et objectifs prévus. Les bilans d’activité annuels, dont s’enorgueillissent les directeurs centraux successifs, attestent d’une constante augmentation des résultats obtenus alors que dans le même temps les effectifs se resserrent. Depuis des années, l’administration fait miroiter des renforts pour encourager les agents à fournir des efforts toujours plus conséquents. L’émergence toujours plus fréquente de syndromes d'épuisement professionnel (burn-out), de risques psychosociaux (RPS) n’est pas anodine. Comme il n’est pas prévu de baisse pour les exercices à venir, les postes vacants feront encore plus douloureusement défaut. Rappelons que les postes non honorés ne le sont pas du fait des agents. Mais du manque d’attractivité du service, dénoncé depuis des lustres par la CFDT.
Alors que les directeurs d’établissements, chefs d’unité ou de pôle ont déjà pour objectif (considéré comme irréaliste par la CFDT lors du CTR* exceptionnel de mai 2020) de résorber rapidement la fameuse dette organique, la direction centrale en rajoute une couche. Ou plutôt taille encore dans une masse déjà bien amaigrie.
Partout des ressources nécessaires, inscrites aux REO, sont retirées. Si la plupart ne sont pas (encore) pourvues, ici ou là des postes réalisés sont supprimés. Et cela dans des fonctions primordiales de production ou d’assistance. Les régies sont particulièrement visées. Tout semble bon pour atteindre les cibles en effectifs. Sauf qu’à ne plus agir que comme un comptable, le service en perd son âme. Et risque de ne plus pouvoir remplir ses missions de base.
Les agents du SID valent mieux que cela. Attachés viscéralement à leur service, ils attendent de leur direction centrale davantage qu’une gestion comptable de leur engagement. A commencer par davantage de considération. Au titre de laquelle l’information préalable à toute manœuvre (pour ne pas dire manipulation) RH est un minimum.
La CFDT peut comprendre la nécessité de conforter un service, d’en développer certaines composantes. Mais elle demande à être consultée en amont. Le SID n’est pas un OMVO4. Alors qu’à tous les niveaux de l’Etat, la nécessité d’un dialogue social renouvelé et effectif semble s’imposer, sur ce point-là, le monde d’après au SID ressemble furieusement à celui d’avant...
La CFDT demande au directeur central du SID de réinstaurer un dialogue avec ses personnels et d’écouter les voix qui partout se lèvent pour signaler les situations critiques et l’incompréhension des agents devant cette manœuvre intempestive voire brutale.
Paris, le 21 juillet 2020
1 REO : Référentiel des effectifs en organisation
2 ETP : Equivalent temps plein
3 "Axes" stratégiques : Nucléaire, prévention maîtrise des risques et environnement, cybersécurité, énergie
4 OMVO : Organisme militaire à vocation opérationnelle pour lequel la consultation sur l’organisation n’est prévue en comité technique