Les crises et les conflits nous impactent toutes et tous à des degrés divers. Les contextes politiques et économiques ne sont pas propices à la sérénité et le moins que l’on puisse dire est que les agents du ministère n’affichent pas un optimisme flagrant.

Rares sont les organismes et chaines dans lesquels le manque de moyens, humains souvent, financiers parfois, n’est pas exprimé.

Les réorganisations successives et les transformations permanentes éprouvent les personnels, fragilisent les organisations.

La CFDT n’est pas opposée à l’évolution des structures, des processus, des organisations, bien au contraire. Mais à condition que ces évolutions soient sources réelles d’amélioration, qu’elles facilitent le travail des agents et leurs conditions de vie au travail. Et que ces évolutions soient précédées d’un dialogue amont avec les agents et leurs représentants. La CFDT demande que les éventuelles expérimentations fassent l’objet d’une évaluation effective avant généralisation.

Dans ce contexte, la CFDT porte une attention particulière à préserver celles et ceux dont les missions concourent à la prévention des risques.

Concernant le point de l’ordre du jour relatif au rapport Beaudroit, nous réaffirmons une nouvelle fois ici que les objectifs de la CFDT s’articulent autour de 4 axes :

  • la redéfinition du métier de chargé de prévention ;
  • la réécriture des processus inhérents aux missions ;
  • le renforcement RH ;
  • le partage d’outils et pratiques communes.

La CFDT considère que ce sont bien sur ces questions qu’est l’urgence pour que la « machine à faire de la prévention » ne s’arrête pas complètement et évite le mur.

Ces axes prioritaires correspondent aux besoins et attentes réels des acteurs de terrain qui, au quotidien, réalisent le travail prescrit ici et ailleurs par l’administration. Ne pas entendre ces besoins immédiatement et ne pas les traduire en actions simples et d’application rapide serait une erreur.

Si la CFDT ne place pas en premier dans sa réflexion le renforcement RH bien qu’elle a parfaitement conscience du profond déficit de la filière dans le domaine c’est qu’il lui apparaît surtout urgent de cesser de prendre les chargés de prévention des risques professionnels et les préventeurs pour des « bons à tout faire » et le bureau prévention comme le lieu où déposer le tout-venant.

L’atteinte des quatre objectifs précités constitueront pour la CFDT le gage d’une réelle considération accordée à une spécialité particulièrement difficile et réellement en crise.

Donc faute d’être suffisamment actif il serait dommage que le ministère soit le témoin de la fuite des spécialistes et experts de la prévention vers d’autres postes et missions plus gratifiants à plus d’un titre, une fois qu’ils auront constaté que leur seule bonne volonté ne saurait suffire et que leur quotidien n’a plus de sens.

La CFDT rappelle une nouvelle fois que la prévention des risques professionnels et environnementaux est un processus support à l’ensemble des autres processus métier. À ce titre cette spécialité professionnelle doit bénéficier de l’ensemble des moyens qui lui sont nécessaires pour protéger tout le personnel au quotidien et améliorer concrètement et durablement les conditions de travail. N’oublions pas pour autant que la prévention des risques professionnels repose sur le triptyque autorité moyens compétence.

Aussi la CFDT considère normal que soit abordé à l’ordre du jour de cette réunion le processus de financement de la prévention, car celui-ci est aujourd'hui confus. La CFDT développera en séance son approche mais elle appelle dès à présent, d’une part un retour à la planification chiffrée de la prévention, et d’autre part, le rapprochement du financement de l’employeur.

Par ailleurs, la CFDT souhaite attirer votre attention sur une situation vécue lors de la dernière commission chargée de donner un avis sur les accidents de travail et maladies professionnelles. Il s’agissait d’un malade atteint d’un cancer bronchopulmonaire dû à l’amiante. Cette personne, reconnue en maladie professionnelle MP30 suite à l’absorption de ce poison, avait développé un cancer ayant engendré des difficultés respiratoires irrémédiables. Implacablement, la plupart des personnes dans cette situation décèdent de cette foutue maladie. La sous-direction des pensions indemnise alors la famille des victimes car, dans notre ministère, l’Etat assume ses responsabilités quand le travail tue. Sauf que cette personne a eu le double malheur de décéder, et de décéder à l’hôpital en pleine période COVID. Ce jour-là, il est regrettable que le médecin ait associé le décès au seul COVID et n’ait pas identifié le lien de causalité entre le décès et la maladie professionnelle. Malgré un vote majoritaire de la commission en faveur de la reconnaissance du décès par maladie professionnelle, la CFDT craint une décision défavorable du directeur de la sous-direction des Pensions de La Rochelle. Ce serait inadapté et injuste.

Pour conclure, la CFDT souhaite souligner, à nouveau, l’intérêt du travail collectif mené par cette instance et dans les groupes de travail qui en sont issus.

Cependant la CFDT, qui accompagne au quotidien sur tous les sujets évoqués, appelle ici un changement de paradigme progressif mais indispensable. Car seuls la rencontre des idées et le partage entre les sens dont les uns et les autres sont porteurs impulsent l’énergie du changement.

Paris, le 30 juin 2022