Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, invité du Grand Rendez-vous, dimanche 2 décembre, interrogé par Hélène Jouan d'Europe 1, Nicolas Barré des Échos et Damien Fleurot de CNews.
Laurent Berger condamne les violences du 1er décembre contre les policiers qui sont des agents des services publics et les dégradations des bâtiments.
Il faut apporter des réponses sociales et non sécuritaires à la colère exprimée par les gens dans la rue et arrêter d'opposer les uns aux autres. Il faut différencier la colère et les groupes d'extrême gauche ou d'extrême droite qui cherchent à déstabiliser la démocratie.[...]
La seule voix constructive est celle du dialogue pour aborder les questions suivantes:
- le pouvoir d'achat;
- une transition écologique juste;
- l'égalité entre les citoyens et les territoires;
- une fiscalité plus contributive pour ceux qui ont de très hauts revenus.
La CFDT demande un "bouclier de service public" et de mettre un moratoire sur les guichets qui doivent fermer, il faut même en réouvrir. Il faut rapprocher les services publics des citoyens.
La CFDT souhaite un grenelle sur "le pouvoir de vivre ensemble" avec tous les corps intermédiaires: les organisations syndicales, les organisations patronales, les associations, les élus locaux et territoriaux qui représentent la société et trouver comment y impliquer les gilets jaunes.
Par contre Laurent Berger explique qu'il en a assez d'entendre des gents sur des barrages dire que les militantes et militants syndicaux et associatifs qui s'engagent et se mobilisent depuis des années dans leurs entreprises ou administrations pour défendre des causes et les autres, sont des tocards.
La CFDT porte de nombreuses revendications des gilets jaunes depuis longtemps. Nous avons alerté le Gouvernement et le Président de la République que s'il n'était pas plus à l'écoute du mal être social, sur le pouvoir d'achat, sur les fractures territoriales, sur les questions de transport etc. il ferait monter la violence et les radicalités.
Nous avons remis trente propositions sur ces problématiques mais il faut co-construire avec tous les acteurs de la société et au plus prêt des territoires. On ne gouverne pas contre les collectivités territoriales, contre les organisations syndicales, contre les associations. La deuxième partie du quinquennat doit se faire avec les corps intermédiaires pour avoir une démocratie apaisée et il faut que beaucoup arrêtent de jeter de l'huile sur le feu.
Concernant les gilets jaunes, la CFDT n'a ni la volonté de les récupérer, ni la volonté de les mépriser. Il faut les écouter pour co-construire une société plus juste. Si parmi eux il y en a qui veulent passer de l'expression d'un mécontentement à la construction de solutions, la CFDT leur ouvre ses portes.
Il faut des corps intermédiaires pour apaiser la démocratie et construire une société beaucoup plus juste. L'intérêt maintenant ce n'est pas de contester sans contenu mais c'est de trouver des solutions pour :
- que l'hôpital public aille mieux avec plus de marge de manoeuvre;
- que l'on ait des réformes éducatives permettant aux enfants de s'en sortir et qui respectent les enseignants;
- que l'on ait une réforme de la justice qui ne se fasse pas en supprimant des greffiers, par exemple;
- que l'on ait une réforme du chômage en prenant en compte le service public de la formation alors qu'il se retrouve dans un plan social et un accompagnement vers l'emploi avec moins de précarité;
- que les retraités soient moins malmenés et que la réforme qui va arriver donne confiance au système par répartition pour y adhérer; aujourd'hui il y a trop de perdant dans le public et dans le privé.
En fait il faut redonner du sens pour quel modèle de société on veut ici, en France, et en Europe.