MOBILISÉS LE 22 MAI, LES AGENTS PUBLICS VEULENT DES RÉPONSES
« Pour une fonction publique de progrès social, pour l’augmentation du pouvoir d’achat, pour l’emploi public » pouvait-on lire sur la banderole en tête de la manifestation parisienne, qui a rassemblé 15 000 personnes. Quelque 130 manifestations avaient lieu dans toute la France.
L’unité syndicale réalisée dans la rue le 22 mai ne doit pas occulter la compétition qui s’annonce à l’approche des élections dans la fonction publique. À six mois d’un scrutin décisif dont l’issue dira si la CFDT progresse suffisamment pour devenir première organisation syndicale du privé et du public, la campagne est déjà bien amorcée. « Nous sommes dans la phase de finalisation des listes de candidats, indique Martial Crance, secrétaire général adjoint de la CFDT-Fonctions publiques. Notre ambition est d’assurer une présence sur tout le territoire et dans tous les secteurs professionnels. » Compléter les listes et en présenter dans les établissements qui ne comptent pas (encore) de section CFDT est la préoccupation du moment à tous les niveaux de l’organisation.
Toute la CFDT est mobilisée
Les référents élections fonctions publiques des fédérations et des unions régionales, réunis en séminaire le 18 mai, ont rappelé leurs priorités, définies après analyse des résultats des élections de 2014. En Nouvelle-Aquitaine par exemple, où la CFDT est en troisième position, les militants se concentrent sur des sites à fort enjeu en vue de consolider la position de la CFDT. « Nous avons identifié 202 établissements prioritaires, deux centres hospitaliers, des collectivités locales, des centres de gestion et le service des finances de Bordeaux, qui compte 2 000 agents, énumère Éric Brunie, référent élections fonctions publiques de l’Union régionale interprofessionnelle (URI). Les unions départementales se sont mobilisées et les militants du privé nous aident à trouver des candidats en sollicitant leur réseau familial, amical ou associatif. » Les coopérations entre unions régionales et fédérations se sont renforcées, notamment grâce au réseau des référents élections fonctions publiques. À leur demande, un espace collaboratif en ligne a été ouvert en février par la CFDT-Fonctions publiques. Très simple d’utilisation, il permet d’échanger en direct, d’accéder à un agenda partagé, de télécharger les tracts et de communiquer sur les initiatives en cours.
Localement, le même esprit de coopération est à l’œuvre. Ainsi, en Lorraine, dans le Limousin, en Centre-Val de Loire, des syndicats Sgen et Interco organisent des tournées communes dans les collèges afin de s’adresser tant aux personnels de l’Éducation nationale qu’aux agents employés par le conseil départemental.
Priorité au contact direct
Les militants sont unanimes : rien ne vaut le contact direct avec les agents. Des outils tels que les résultats de l’enquête Parlons travail concernant les agents publics et le livre L’Autre Trésor public sont utilisés comme supports au dialogue lors des rencontres avec les agents. Plus spécifique, le kit de formation du Sgen est destiné à aider les adhérents à préparer leur entretien professionnel annuel, dont les modalités ont changé. En Occitanie, le Syndicat Santé-Sociaux de l’Hérault a mis en place une formule en deux temps : après une formation suivie le matin, les militants se rendent l’après-midi à la rencontre d’agents sur un site ciblé au préalable. Après l’été, une fois les listes finalisées – la date limite de dépôt des listes est fixée au 25 octobre –, ce travail de terrain et de contact va s’amplifier, faisant la part belle à l’action revendicative et au débat. « Dès septembre, nous attaquons la phase 2 de la campagne. Nous devons être dans les starting-blocks », souligne la secrétaire nationale Jocelyne Cabanal. Tous les responsables de la CFDT, commission exécutive confédérale en tête, sont d’ores et déjà sollicités pour soutenir les équipes à l’occasion de visites d’établissements ou de rassemblements de candidats. « En association avec les syndicats Santé-Sociaux, Sgen et Interco, nous avons monté une opération “ville orange”, explique Michèle Berrada, secrétaire régionale de l’URI Île-de-France. Les militants aux couleurs de la CFDT investiront trois villes de la région parisienne : Argenteuil le 5 octobre, Versailles le 14 novembre et Créteil le 27 novembre. » Toutes ces actions sont gourmandes en énergie militante. « Attention à ne pas tout faire à quelques-uns, au risque d’arriver épuisés à la veille du scrutin, quand il faut faire voter les agents ! », prévient Jocelyne Cabanal, qui conseille d’« élargir le premier cercle militant » pour mener à bien les actions prévues. Gérer l’effort, le secret des gagnants.