La semaine dernière nous apprenions que le cercle mixte du centre technique de la gendarmerie nationale de Rosny-Sous-Bois allait externaliser une partie de son activité, la restauration.
Bien sûr la méthode ne nous plait pas : Une décision prise unilatéralement par la Direction de la Gendarmerie Nationale, sans concertation des organisations syndicales ou des instances de représentation des personnels. C’est extrêmement grave en soi du point de vue de la considération du dialogue social et nous avons vivement réagi avec les autres organisations syndicales.
Mais il n’y a pas que ça.
La ministre des armées, interrogée par la CFDT à l’occasion du dernier comité technique ministériel, s’est dite non dogmatique pour ce qui concerne les externalisations. Les situations seront étudiées au cas par cas et le pragmatisme et l’intérêt de l’institution prévaudront.
Nous savons tous que tout discours est porteur de raison, mais aussi de perversion.
Et à défaut de dogme, il ne faudrait pas que cela devienne une fâcheuse tendance.
Que se passe-t-il au SCA ? La boite de Pandore des externalisations est entre-ouverte, en priorité 1 la restauration et en 2 l’habillement. Alors camarades, si par chez vous, il y a un cercle de « ville » peu ou prou aux normes, dans un bâtiment plutôt pas mal, il y a une ouverture (pour ne pas dire danger, nous ne sommes pas non plus dogmatiques) et il faut ouvrir l’œil.
Et puis dans les tuyaux, à une autre échelle, on parle aussi du changement de statut du SIAé dont l’idée est bien la même dans l’esprit de certains, externaliser le MCO aéronautique !
Revenons à cette idée de raison versus perversion. En première approche, la raison est budgétaire et la perversion est humaine. Ou en d’autres termes, on économise de l’argent mais sur le dos des femmes et des hommes que l’on exclut (c’est plus fort qu’externaliser) de cette « identité commune au sein d’une communauté défense » qui nous tient à cœur à la CFDT Défense, et qui semblait aussi être dans l’esprit de notre administration si on relit le rapport de la sous-direction de la politique générale et des études et de la prospective « les liens entre militaires et civils de la défense à l’horizon 2030 ».
Quand ils seront imposés nous serons intraitables sur le volet humain des projets d’externalisation : Organisation, conditions de travail et QVT, parcours professionnels, formation, etc. Parce que nous savons que tous ces paramètres sont des facteurs de performance – voyez, nous pouvons aussi être pragmatiques !
Nous garderons aussi un œil sur le volet budgétaire parce que, outre l’efficience du service qu’une externalisation ne garantit pas forcément, il n’est pas non plus prouvé qu’elle coûte moins cher. Nous avons dans nos tiroirs des contre exemples pour lesquels le seul intérêt des externalisations de prestations a été de permettre à l’établissement de rester sous le plafond d’emploi autorisé mais avec des coûts objectivement en hausse.
Nous nous opposerons énergiquement aux projets qui n’aboutiront au mieux qu’à des économies de bout de chandelle pour des prestations de moindre qualité et/ou qui créeront une catégorie précarisée de « collègues de seconde zone » en marge de cette « communauté défense » dont on parle tous.
Albert Corbel
Secrétaire national Défense