Nous syndicalistes, en toute humilité, ne manquons pas de qualités, mais dans quelle mesure le syndicalisme peut‐il être un acteur dans la création d’activités de qualité, elles mêmes génératrices d'emplois de qualité ?

La qualité de l'activité, c'est offrir un bon usage, c'est comprendre et s'adapter aux besoins des clients (entreprises ou particuliers) et savoir comment les formuler et mettre en place le service attendu. C'est « faire utile », pour l'individu et pour le collectif. Les représentants syndicaux ont donc à se saisir des stratégies de leurs employeurs, gage d'une réflexion commune enrichie,pour y parvenir. Vaste ambition là où le partage est loin d'être une règle admise par tous les dirigeants, trop souvent à l'instinct d'autorité bien supérieur à l'instinct de coopération. Ils sont d'ailleurs assez d'accord avec d'autres organisations syndicales.

 Les enjeux de qualité se jouent également dans le fonctionnement interne de l'entreprise ou de l'établissement public. La responsabilité d'une bonne marche reposera de plus en plus sur la prise en compte de l'usage par les salariés et collaborateurs et non plus sur l'employeur seul. Par ailleurs, les coopérations à tous les niveaux se substitueront progressivement aux prescriptions hiérarchiques et il appartiendra à tous de les faire vivre, avec les autres et non contre les autres. Les organisations syndicales, du moins les plus responsables, ont et auront un rôle crucial en terme de stratégie et de dialogue pour parvenir aux meilleurs compromis, dans l'intérêt de tous et de la pérennité de la structure.

La notion d'emplois de qualité doit être également prise en compte. Chacun évoluera de plus en plus dans sa carrière, d'une forme d'emploi à l'autre : salarié, travailleur indépendant etc. Aucun ne doit rester isolé du reste du monde de l'emploi et tous ont besoin d'informations, d'échanges et de construction de droits nouveaux adaptés à leur situation.

La CFDT répond à ces enjeux d'individualisation et d'évolution du travail. Elle défend depuis des années la mise en place de protections liées aux personnes plutôt qu'aux statuts, sans lesquelles les emplois de qualité n'existent pas. Le Compte Personnel d'Activité, prévu dans le projet de loi travail est l'un des aboutissements de notre action en ce sens.

Nous militant(e)s, toujours plein de qualités, devrons rencontrer toutes les catégories de travailleurs et en tous lieux, pour ne jamais laisser l'isolement gagner sur le collectif. Ainsi notre action syndicale se renouvellera et saura répondre aux défis de demain, plutôt que s’arcbouter sur des vestiges du passé.

Philippe BUYENS