La CFDT a dévoilé les résultats de la grande enquête Parlons retraites le 18 octobre. L’occasion de présenter son manifeste en faveur d’un système porteur de progrès social.

Frédéric SEVE, secrétaire national CFDT[VIDEO : Frédéric SEVE, secrétaire national CFDT]

Quelque 120 000 participants, 14 millions de réponses cumulées… Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’enquête Parlons retraites, lancée par la CFDT le 12 juin dernier, est un incroyable succès. « Le résultat va bien au-delà de ce que l’on pouvait espérer », relèvent les secrétaires confédéraux Virginie Aubin et Florian Meyer, maîtres d’œuvre de cette étude XXL. La surprise est d’autant plus grande que l’éventail des profils d’internautes qui se sont connectés afin de répondre aux 153 questions est très large : des salariés du privé (44 %), des agents du public (23 %), des retraités (23 %) mais aussi des apprentis, des intérimaires, des étudiants… Preuve, si besoin était, de l’intérêt que suscite le sujet. « La masse des répondants est énorme, insiste Annie Jolivet, économiste au centre d’études de l’emploi et du travail (CEET). Certes, ils n’ont pas été tirés au sort mais, comparé à d’autres études sur ce même thème, ils sont trente à quarante fois plus nombreux ! »

Certaines idées reçues battues en brèche

De quoi en tirer quelques enseignements intéressants… et tordre le cou à certaines idées reçues. En matière de retraites, c’est la solidarité qui est plébiscitée. À la proposition « ça devrait être du chacun pour soi », sous-entendu chacun finance sa propre pension de retraite sans se soucier des autres, les répondants disent non très massivement, à plus de 85 %. Et ce, quel que soit leur âge. Ils vont encore plus loin en estimant pour 75 % d’entre eux que le système de retraites doit compenser des périodes de chômage cumulées au cours de la vie active, la perte du conjoint, le temps partiel, les études, les congés parentaux, etc. Idem pour les jeunes qui souhaitent que le système tienne davantage compte du temps d’accès au premier emploi. « Les choix s’expriment entre autres en fonction des intérêts des uns et des autres. Le sexe, l’âge et la situation d’emploi jouent sur la priorité de compensation retenue, tout comme la durée des études des cadres et des agents de catégorie A de la fonction publique, confirme l’économiste. Mais une partie des répondants exprime également clairement une vision de la société. »

Le dispositif carrière longue plébiscité

Une vision illustrée par le système de retraite idéal selon une grande majorité des répondants : il serait, selon leurs réponses (58 %), bâti autour d’un socle de règles communes complété par des spécificités par métiers. « Ce qui est frappant, c’est la façon dont les choses se combinent autour des parcours professionnels, de la qualité de vie au travail, des ressources et de la santé, souligne Annie Jolivet. Toutes ces dimensions sous-jacentes prennent corps au moment de la retraite. » Un exemple ? Selon l’enquête, la retraite fait d’autant plus peur que les salariés « ont du mal à mettre leurs idées en pratique dans le cadre de leur travail » ou qu’ils déclarent qu’au travail, « on ne rigole jamais ». Mais elle est également plus angoissante pour ceux qui subissent des conditions d’emploi dégradées – les chômeurs, les intérimaires, les salariés en contrat à durée déterminée. « Ces marqueurs se retrouvent dans toutes les catégories socioprofessionnelles », insiste la chercheuse. Cette peur s’exprime tout d’abord par la crainte d’un manque d’argent une fois la carrière professionnelle achevée : environ 80 % des futurs retraités à plus ou moins longue échéance pensent que leur niveau de vie va baisser ! Deuxième inquiétude, la santé : 67 % craignent de ne pas pouvoir faire face à ce type de dépenses une fois à la retraite. Beaucoup souhaitent d’ailleurs qu’en ce domaine des dispositions soient prises en amont. Huit personnes sur dix ayant répondu à l’enquête estiment que la pénibilité est insuffisamment prise en compte dans le système actuel. Ils sont 94 % à trouver normal que ceux qui ont commencé à travailler tôt puissent prendre leur retraite plus tôt. Une revendication portée et obtenue par la CFDT en 2003. Elle pourrait inspirer la création de nouveaux droits dans le cadre de la concertation qui s’est ouverte. Et ainsi renforcer ce sentiment exprimé par plus de la moitié des répondants de plus de 40 ans : la retraite, « c’est enfin la vraie vie ».


Un Manifeste de la CFDT pour les retraites

La réforme des retraites est bel et bien lancée. Après une première phase de concertations avec les partenaires sociaux ces six derniers mois, le gouvernement a commencé à préciser ses intentions, le 10 octobre. Le haut-commissaire chargé de cette réforme, Jean-Paul Delevoye, a ainsi pris une série d’engagements devant les représentants des salariés et des chefs d’entreprise. « Ils montrent que la CFDT a été entendue, se réjouit le secrétaire national Frédéric Sève. Comme nous l’avions demandé lors de la concertation, la répartition est confortée. Nous avons également obtenu la garantie des droits acquis, le maintien de l’âge légal à 62 ans et l’abandon de toute discussion sur l’âge pivot. L’engagement pris de faire cette réforme à périmètre constant est également une exigence de la CFDT qui a été satisfaite. » Une nouvelle période de concertation avec les partenaires sociaux s’ouvre pour encore quatre à six mois. De quoi faire entendre les propositions CFDT issues de son manifeste présenté le 18 octobre. Elle souhaite « construire un nouveau système qui soit collectif, juste, équitable et lisible, qui garantisse le droit de bénéficier pleinement de sa retraite et qui apporte des droits nouveaux, moteurs de progrès social ». Ce manifeste repose sur quatre piliers déclinés en autant de revendications clairement affichées et appuyées par les résultats de l’enquête Parlons retraites : « Une solidarité universelle pour une répartition confortée » ; « Des droits personnalisés pour plus de justice sociale » ; « Favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes » ; « Construire des droits nouveaux ».

Retrouvez l’intégralité du manifeste CFDT par ce lien ou sur www.cfdt.fr et sur www.parlonsretraites.fr 

 

  

Le système de retraite va connaître une réforme d’ici l’été 2019.

Les effectifs du ministère des armées(1) représentent plus de 260.000 personnes. 200.000 militaires et 60.000 civils, fonctionnaires, contractuels et ouvriers de l'Etat sont donc concernés par les retraites. Chacune et chacun peut faire entendre sa voix en répondant à cette enquête...

122107 participants à l'enquête (19 octobre 2018), lancée le 12 juin 2018...

La CFDT vous propose de participer à une enquête inédite sur les retraites. Elle est ouverte à tous. Actif ou retraité, soyez parmi les premiers à y répondre !

Recueillir dès à présent une base de données de première main amènera une qualité de dialogue qui fera poids dans nos revendications prochaines. Salariés, agents publics, demandeurs d’emplois, indépendants et retraités : participez et faites valoir vos interrogations et vos attentes dans le débat public !

Parlons retraites est une enquête interactive qui vous permet à la fois de donner votre avis et d’accéder aux résultats en temps réel pour comparer vos réponses à celles des autres répondants.

Vos réponses, ainsi que toutes les autres données collectées, sont absolument et strictement confidentielles

Deux ans après Parlons travail, la CFDT lance une nouvelle enquête en ligne. Il s’agit cette fois-ci d’interroger les Français sur un sujet qui les concerne tous : la retraite.

Au moment où le gouvernement commence des concertations avec les organisations syndicales sur l’épineuse question des retraites, la CFDT donne la possibilité à tous les Français de s’exprimer à travers une enquête en ligne qui devrait faire date. Nom de code : parlonsretraites.

Jeunes, actifs et retraités sont invités à répondre en ligne à une batterie de questions afin de mieux cerner les attentes de la population en la matière. « À l’opposé des débats techniques et anxiogènes, l’enquête Parlons retraites se veut ludique, participative et accessible à tous, explique Laurent Berger. Nous partons du vécu et des attentes des citoyens. » Les thèmes vont du pouvoir d’achat à la vie de couple en passant par la santé et les solidarités à préserver ou celles à imaginer. Si, pour les besoins des chercheurs, il est demandé en début de questionnaire des renseignements personnels (âge, profession, etc.), les réponses sont bien entendues anonymes et confidentielles. Et même si la personne décide de laisser son adresse mail (facultatif), il est impossible de faire le lien entre ses réponses et ses coordonnées.

Comme pour Parlons travail, ce qui fait le sel de cette enquête « pas comme les autres », c’est la possibilité de confronter en temps réel ses réponses à celles des autres internautes et voir ainsi si son opinion est majoritaire ou à contre-courant de la pensée dominante. Il est également possible de visionner des vidéos (particulièrement captivantes) de personnes qui ont accepté de répondre devant la caméra au questionnaire. Enfin, cerise sur le gâteau, il est possible de poser directement à la CFDT une question, cette dernière s’engage à apporter une réponse personnalisée.

L’objectif que s’est fixé la CFDT est d’atteindre 50 000 répondants d’ici à la fin août pour que les chercheurs, qui vont ensuite étudier les résultats, puissent s’appuyer sur une base de données solide. Les militants CFDT sont donc incités à diffuser massivement le lien vers l’enquête auprès de leurs collègues et de leur entourage amical et familial. « Parlons travail a été la plus grande enquête jamais réalisée sur le travail, espérons que Parlons retraites suive le même chemin », a souligné Laurent Berger lors du lancement officiel du site, lors d’une conférence de presse le mardi 12 juin. C’est bien parti en tout cas, plus de 11 000 personnes se sont déjà prêtées au jeu au premier jour de la mise en ligne. Pourquoi pas vous ?